PERFORMANCE ARTE
OPHELIA, I M LOOKING FOR YOU
Le
premier jour, dans une ville déserte, morte, mes pas ont dessiné des cercles
concentriques. Les parcs, les jardins, les forêt, les fleuves, les rivières, la
mer, l’océan étaient cadenassés.
De
la terre au ciel : 216 marches pour arriver au sommet de mon immeuble, lui
aussi cadenassé. Face aux interdictions : sur un mur il était écrit : « le
monde que vous avez crée pour régner dessus est irrespirable ».
Tandis que les corps
s’entassaient sur les trottoirs de Guayaquil, en France les coureurs
solitaires ont inondés l’asphalte des
villes. Des milliers de coureurs ont respirer un air suspendu.
Une
quarantaine sur le Titanic. Une dernière symphonie dans leurs écouteurs.
Dans
cette course effrénée les corps se sont accumulés dans les camions, l’odeur
putride a dérangé Wall street, une
île est devenue cimetière à New York, les
prisons, les camps de réfugiés se sont embrasés puis sont devenus silencieux.
Les ancêtres se sont fait rares. A Paris, en Italie, les marchés, à Madrid la
patinoire sont devenus des morgues. Le virus colonial a poursuivit ses desseins meurtriers de la nation
Navajo aux tribus de l’Amazonas. Le saccage du monde intensifiant sa cadence.
Jour
après jour les coureurs ont développé leur endurance, leur consentement, leur
servitude volontaire, en rythme, le volume à fond. Un masque sur la bouche.
Sourds aux bruits du monde. Ivres de dioxyde de carbone.
Les
barils de pétrole ont encerclé les ports de Dunkerque, Hambourg, Gêne, Tampico,
Itaguaí, Rotterdam, Corpus Christi, Calcutta, Durban, Saint Petersbourg,
Callao, Izmir, Shanghai, Hong Kong, Los Angeles, Long Beach, Houston, Ningbo,
Londres, Algeciras, Buenos Aires, Dakar.
Le
capitaine grand fossoyeur de l’humanité attend d’allumer une dernière
cigarette.
Le
vent souffle sur les braises de la forêt boréale en Arctique. Le parc est une
poubelle éventrée jonchée de masques et de gants chirurgicaux. Un enfant mange
une glace. Il fait 35 degrés en Sibérie. La clameur des klaxons résonne dans
toute la ville comme le dernier chant des baleines.
Je
m’approche de l’eau et cherche ton visage Ophelia. Le monde rempli ses poches
de cailloux avant l’ultime plongeon. Peut être une dernière cigarette. Des
étudiantes préparent des pancartes : I can't breathe. Des feux éclatent dans
les villes. Les incendies consument les symboles de l’oppression.
Huit
minutes et 46 secondes. Meurtre par asphyxie. Le 25 mai 2020 George Floyd est
assassiné. Le cou écrasé par le genou d’un policier. Crime raciste.
Huit
minutes et 46 secondes de silence en hommage à l’agonie de George Floyd. I
can't Breathe.